[Resf.info] 20 novembre, journée internationale des droits de l'enfant

UNE ECOLE, UN TOIT, DES DROITS

https://blogs.mediapart.fr/jeunes-isoles-etrangers/blog/191118/mie-une-ecole-un-toit-des-droits

Aller à l’école, acquérir une formation, apprendre un métier est l’une des motivations principales des jeunes qui arrivent en France. Mais, alors que la scolarité est obligatoire pour les mois de 16 ans et un droit imprescriptible pour les moins de 18 ans, elle leur est trop souvent refusée. Dans ce domaine aussi, il leur faut se battre et, heureusement, aussi, parfois gagner avec l’aide d’habitants de ce pays.

Témoignage de Kristine Valentin (RESF Avignon)

Le 2 septembre 2018, avec une collègue de RESF, nous avons rendez-vous au CIO[1] d’Avignon, pour constituer les dossiers de deux jeunes en placement provisoire à l’ASE, dont Saliou. Ils sont immédiatement pris en charge par une personne du CASNAV[2] qui leur fait passer les tests scolaires. A l’issue de ces tests, nous apprenons que Saliou 17 ans, qui n’a pas été scolarisé auparavant, est affecté dans une classe UPE2A.

Le 11 septembre, c’est la rentrée de la classe UPE2A[3]. J’accompagne les deux jeunes que j’héberge et qui sont aussi dans cette classe. La Principale accueille les jeunes dans le hall du collège par un petit discours de bienvenue. Elle présente le CPE, l’infirmière, l’enseignante du CASNAV et l’enseignante de la classe. Au bout d’un moment, elle est interrompue par l’arrivée d’une personne de l’ASE, qui accompagne un petit groupe de jeunes pris en charge. La principale est obligée de recommencer son discours…

Ensuite, les élèves et nous-mêmes sommes invités à gagner la classe. Les élèves s’installent : discours de bienvenue de l’enseignante ; quelques règles sont données. La personne de l’ASE prenant connaissance de la liste des élèves, remarque le nom de Saliou. Alors, s’adressant sèchement à Saliou, elle lui intime l’ordre de QUITTER LA CLASSE, disant que “il n’avait rien à faire là”. L’enseignante ne réagit pas à cette infraction caractérisée aux règles de l’Education Nationale. Saliou s’exécute, accompagné par l’enseignante du CASNAV. Je sors du collège quelques minutes plus tard ; dans la rue, je trouve Saliou effondré et surtout très en colère à cause de ce qui vient de lui arriver. Il parle de quitter la France, dit qu’il n’est pas venu en France pour passer ses journées dans un hôtel à ne rien faire… Nous essayons de le réconforter, mais il prend son vélo et rentre à l’hôtel. Là-bas il sera pris en charge par des membres de RESF qui ont été alertés.

A ce jour, il n’est toujours pas scolarisé.

Avignon, le 18 novembre 2018

K.Valentin

7 septembre . Paris. Classe hors les murs pour les mineurs isolés

200 personnes se sont réunies devant un lycée parisien pour réclamer la scolarisation de jeunes migrants.

Assis sur le trottoir, des dizaines de jeunes « oubliés » ont fait une rentrée pas comme les autres dans le 11e arrondissement parisien. « Oubliés », car aucun de ces Guinéens, Maliens, Bangladais ou encore Afghans n’est pour l’instant scolarisés, faute d’avoir été officiellement reconnus mineurs. Timmy, Paris d’exil et RESF 75 ont organisé face au lycée Voltaire, une classe en plein air pour rappeler leurs obligations aux pouvoirs publics.

GAP

Nous sommes un réseau transversal, non constitué en association, regroupant des bénévoles de tous horizons, non associatifs ou membres de la Cimade, Secours Populaire, Secours Catholique, Tous Migrants de Briançon, Main de Partage, Welcome, Syndicats d’Enseignants, Artisans du Monde, RESF, …

Nous sommes accueillants à l’arrivée, cuisiniers, médecins, juristes, professeurs de français, organisateurs d’activités sportives et culturelles…

Notre position géographique nous a mis en première ligne pour recevoir les migrants mineurs arrivant d’Italie par les cols (seule voie restante, mais mortellement dangereuse dans la neige), dont nous avons donc la proportion la plus élevée de toute la France.

L’Inspection Académique, (en coordination avec la Préfète et le Président du Conseil départemental), ayant refusé explicitement et en toute illégalité de scolariser les jeunes, nous avons commencé à faire des Référés Liberté au Tribunal Administratif de Marseille. Le 19 octobre, nous avons GAGNE : l’Inspection Académique a été condamnée à scolariser 3 jeunes, qui sont entrés en classe ce lundi 5 novembre : dans des classes DAQ[4], soit dit en passant, vides depuis le début de l’année, faute d’élèves ! Mais pour le moment, l’IA ne semble pas vouloir appliquer cette obligation aux autres mineurs dans le même cas, donc il nous faudra refaire un référé pour chaque jeune individuellement.


[1] Centre d’Information et d’Orientation chargé d’évaluer les candidats à la scolarisation et de les orienter

[2] Centre Académique pour la Scolarisation des Nouveaux Arrivants

[3] Unité Pédagogique pour Elèves Allophones Arrivants

[4] DAQ : Dispositif d’accompagnement vers la qualification.